La découverte des étoiles haitiennes aux couronnes crépues continue… Aujourd’hui, Afro Alice vous présente Gessica Généus, actrice, scénariste haitienne.
1- Parle-nous de toi.
Je suis encore entrain de chercher à comprendre et à savoir. Mais déjà je peux dire que je ne suis ni plus ni moins qu’une jeune femme en quête de paix intérieure, en quête de connexion avec mon identité la plus profonde.
2- Parle-nous de ta carrière dans le cinéma.
J’ai commencé à faire du cinéma en Haiti à l’âge de 17. Mon premier film, Barikad, a eu un succès considérable. J’ai ensuite enchainé avec Cousines avec lequel j’ai gagné le prix de Meilleure Actrice au BIFF (Brooklyn international film festival). Puis, j’ai compris comprendre que ca valait la peine que je me batte pour en faire un métier. Après Cousines, j’ai joué dans Le Président a-t-il le sida, Les amours d’un Zombi, We love you Anne, Moloch Tropical, Toussaint Louverture et Bird people. Aujourd’hui je suis scénariste et je fais lentement des pas vers le monde de la réalisation. Je vis un peu entre Haiti, Paris …. Et partout où le vent m’emporte.
3- Quand et comment es- tu redevenue naturelle?
Cela fait déjà 8 ans que j’ai les cheveux comme la nature me les a donnes. C’est une rencontre avec une amie qui a provoqué le déclic. A l’époque, il n’y avait pas autant de blogs et d’informations concernant les méthodes de transition et les soins pour cheveux naturels. Elle m’a montré l’un des rares sites qui existaient et il y avait une phrase extraordinaire écrite sur la page d’accueil que je n’oublierai jamais: “ While everybody’s hair goes down, my hair goes up, where the best is to be found.” J’ai fait une première tentative qui a échoué mais le 1er décembre 2005 fut la dernière fois que mes racines furent soumises aux brûlures du défrisage.
4- Comment ont réagi tes proches?
Je me souviens que la première réaction de ma mère fut de me dire que j’étais affreuse …. Faut dire que ma mère a un franc parler qui va au delà de ce que l’oreille peut supporter. Mais, elle finit par s’y faire et même me trouver plus belle avec mon afro. Aujourd’hui, elle est en pleine transition et je ne l’ai jamais forcé à le faire … ca a pris toute une vie pour qu’elle se décide ainsi que ma petite sœur et ma cousine… (Rire). Je ne cherche jamais à convaincre les gens. J’estime que je n’ai pas ce droit et je sais aussi que rien ne sert de marteler l’esprit des autres à essayer de les convaincre. Nous faisons toujours nos choix au moment où nous le souhaitons.
5- Qui t’a supporté? Qui est/sont ton/tes hairspirations(s)?
Au début, durant la période de transition, je n’avais pas de modèle. Par contre, je demandais souvent conseil à Rania Dérose. On ne se voit plus mais c’est une fille que j’apprécie. Elle a une page qui traite des cheveux naturels sur Facebook du nom de “Bèltèt Grenn”. Ensuite, je peux dire que je l’ai vécu un peu dans la solitude. C’était beaucoup plus que juste avoir les cheveux crépus. C’était un renouveau! Je voulais comprendre… je voulais gouter à la sensation d’être libre à l’intérieur… libre dans ma tête … dans mon âme… je voulais la paix…
6- Travailles-tu sur des projets concernant les cheveux naturels?
Disons qu’en ce moment je travaille beaucoup plus sur des projets en rapport avec la crise d’identité chez les jeunes femmes. Je n’aime pas trop le terme « crise d’identité » parce que ça sonne comme une maladie ou une anomalie. Mais, bon! Je pense que c’est ce qui explique mieux mon objectif. Je veux proposer aux jeunes une nouvelle façon de voir, de faire, de penser. Ensuite, ils choisiront ce qui leur convient. Je ne veux que suggérer, je ne veux rien imposer à personne.
7- Quel est ton régime capillaire?
En ce moment, je claudique encore quant au choix d’un régime capillaire stable. Tantôt je me lave les cheveux avec du savon noir (Alep), tantôt avec de l’argile (Rhassoul) ou avec un savon que fait ma cousine à base d’aloe vera. J’ai pris conscience que l’aloe est une mine d’or. Ensuite, je m’hydrate toujours les cheveux avec de l’eau dans lequel je mets de l’huile essentielle (jojoba, oléine de karité, huile de ricin, huile d’avocat) et bien sûr, mon incontournable pot de beurre de karité que j’utilise pour mes cheveux et pour ma peau. Je dois t’avouer que je ne suis pas très “freak” en ce qui à trait à mes cheveux. J’en prends soin mais sans que ca devienne une obsession. Après tout, ce ne sont que des cheveux! Ma couronne, il est vrai … mais une reine reste une reine avec ou sans couronne (rire)
8- Qu’est-ce que tu aimes le plus à être naturelle?
Que c’est un choix. La mienne.
9- Un message pour celles qui font partie de la communauté naturelle?
Notre combat va au-delà d’avoir les cheveux naturels, elle est fondamentale! C’est une quête … un retour à notre essence même! C’est une affirmation de notre moi le plus profond… Et cette liberté n’a pas de prix…
J ai beaucoup appris de cette negresse, j’aime sa facon de voir les choses. J aime la maniere qu elle se sert pour mettre en valeur la culture hatienne.
On dirait se li menm ki kreye la nati, li mete aksant sou chak ti bagay nan la nati.
Reste sur cette voie ma cherie, la nati ap remet ou sa.
J ai beaucoup appris de cette negresse, j’aime sa facon de voir les choses. J aime la maniere qu elle se sert pour mettre en valeur la culture hatienne.
On dirait se li menm ki kreye la nati, li mete aksan sou chak ti bagay nan la nati.
Reste sur cette voie ma cherie, la nati ap remet ou sa.